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En matière d’alimentation, les hommes sont souvent prioritaires : ils ont le droit de manger avant tout le monde et c’est à eux que revient l’alimentation la plus nutritive. Il arrive que les femmes et les enfants n’aient droit qu’à de petites portions et des repas moins nutritifs. Cela expose les femmes et les filles à toute une gamme de conséquences néfastes pour leur santé physique et affective. La malnutrition a des conséquences intergénérationnelles car les femmes mal nourries accouchent de bébés ayant un faible poids à la naissance. Ces nourrissons peuvent connaître des retards cognitifs et autres toute leur vie, ce qui fait qu’il leur est difficile d’échapper à la pauvreté. Lorsque les femmes sont confrontées à une discrimination en matière alimentaire à l’échelle nationale, c’est le capital humain de tout un pays qui est menacé.
Les services de vulgarisation et de conseil rural (SCR) aident les petits producteurs à améliorer la productivité et l’efficience de leur exploitation et à prendre des décisions concernant les perspectives de leur entreprise. Les SCR englobent non seulement les services publics de vulgarisation mais aussi des services organisés et financés par des sociétés privées le long de leurs chaînes d’approvisionnement – par exemple, une entreprise de transformation de produits alimentaires ou un groupement d’achats de produits peut établir un système de sous-traitants satellites et employer ses propres agents de vulgarisation.
Une campagne de vulgarisation est un effort concerté pour informer un grand nombre de producteurs dans un délai relativement court sur une thématique agricole qui les préoccupe ou les intéresse. Le but est d’arriver à un changement rapide et de grande ampleur du comportement et des pratiques des producteurs par des efforts soigneusement orchestrés par différentes organisations, en utilisant une variété de circuits de communication. Une campagne de vulgarisation exige un axe précis (Encadré 1) et un objectif clair. Elle doit se traduire par des avantages matériels pour les producteurs dont les besoins et les attentes sont déterminants pour donner corps à la campagne.
Les producteurs et les conseillers agricoles sont constamment confrontés à la gestion de problèmes phytosanitaires. Les causes biotiques (ravageurs et maladies) et les causes abiotiques telles que la faible fertilité du sol provoquent des pertes régulières et souvent considérables de production et de qualité des récoltes. Le diagnostic est rendu difficile par une diversité de causes et de symptômes avec de multiples origines possibles. Il faut réfléchir soigneusement pour choisir les meilleures options de gestion.
La multiplication rapide des chaînes de télévision (télé) offre une opportunité unique pour disséminer le savoir dans un court laps de temps à des millions d’agriculteurs par le biais de systèmes d’information publics et privés. Quand des thématiques et des messages agricoles sont tissés dans des divertissements télévisés qui mettent en scène des acteurs, des comédiens et des personnages de dessin animé populaires, l’information touche un public beaucoup plus large qui, d’ordinaire, ne serait peut-être pas nécessairement attiré par l’agriculture. Les jeunes se sont intéressés à l’agriculture en regardant des émissions de télé-réalité qui suivent la vie de jeunes producteurs de denrées alimentaires et les témoignages de « super-héros » de l’agriculture, ce qui rend ces sujets divertissants et éducatifs en même temps, d’où le terme « ludo-éducatif ». La télé ludoéducative touche un grand nombre de téléspectateurs dans le confort de leur foyer, ce qui crée une passion pour l’agriculture tout en fournissant des informations sur des nouvelles technologies qui sont essentielles pour les exploitants.
L’environnement social, climatique et économique en rapide mutation pour l’agriculture à travers le monde fait que les exploitations se diversifient de plus en plus du point de vue de leur taille, de leurs ressources, de leurs modèles de production, de l’accès aux marchés et des caractéristiques des ménages1. Par conséquent, il est vraiment essentiel de mettre en place des services de conseil rural (SCR) plus diversifiés et plus spécialisés qui soient pertinents pour les agriculteurs. Cela nécessite de repenser la façon dont nous organisons et nous finançons les SCR pour en faire des systèmes qui soient ajustés à la demande des producteurs et pilotés par elle.
L’objectif global des cercles d’études ruraux (CER) est de favoriser un apprentissage, des capacités et une autonomisation des petits exploitants. Les CER font partie d’une pléthore d’approches en matière de vulgarisation agricole pour les groupements paysans qui sont fondées sur les principes d’apprentissage des adultes. De telles approches sont autodirigées/autonomes, fondées sur le savoir existant et sur le vécu ; elles sont axées sur les objectifs, pertinentes, pratiques et collaboratives.
L’attention accordée à la vulgarisation (que l’on appelle aussi les services de conseil rural) a connu des hauts et des bas dans le programme mondial en matière de développement. Elle a augmenté à l’époque de la révolution verte. Aujourd’hui, du fait de facteurs tels que les crises des prix alimentaires et le changement climatique, la vulgarisation est de plus en plus reconnue comme un élément crucial pour le développement rural. Cette note entend présenter aux chargés de programme dans le domaine du conseil rural les différentes philosophies et méthodes de vulgarisation ayant eu cours lors des décennies écoulées. Elle démontre que chaque approche est née de circonstances particulières et présente à la fois des mérites et des inconvénients.
À l’échelle mondiale et au sein des institutions de développement et des gouvernements, il existe une prise de conscience plus affûtée du besoin de mieux comprendre les liens entre l’agriculture et la nutrition et de décrypter comment le secteur agricole pourrait contribuer à une nutrition améliorée. On en sait encore moins en termes de quoi fournir et comment fournir aux ménages ruraux des « services agricoles sensibles à la nutrition1 » de manière efficiente. Les conseillers agricoles (par des circuits publics, privés ou par le biais d’organisations non gouvernementales (ONG)) sont souvent jugés comme une plateforme ou un véhicule prometteur pour la fourniture de savoir et de pratiques pour améliorer la nutrition des communautés rurales parce qu’ils touchent les agriculteurs et interagissent avec eux dans différents contextes. Ils agissent comme des prestataires de services importants sur des aspects qui touchent la production, la consommation et la sécurité alimentaire dans les domaines de l’agriculture, l’élevage et la foresterie.
En Afrique de l’Ouest, dans les années 1990, des méthodes innovantes de conseil ont été développées. Elles rompent avec les approches traditionnelles et hiérarchisées des services publics focalisées sur la production et permettent de répondre à la diversité des besoins des paysans en ayant recours à des méthodes participatives. Parmi celles-ci, on peut citer le conseil à l’exploitation familiale (CEF). Il a été adapté à divers contextes et est aujourd’hui mis en oeuvre par une multiplicité d’acteurs, notamment des organisations non gouvernementales (ONG), des organisations de producteurs (OP), des sociétés cotonnières et des agences gouvernementales. Touchant approximativement 100.000 producteurs dans plusieurs pays d’Afrique, le CEF a été récemment adapté à de nouveaux contextes, notamment en Birmanie (Myanmar, Asie du Sud- Est) et au Malawi (Afrique de l’Est).
La radio est considérée comme l’une des technologies de l’information les plus anciennes et c’est l’une des plus populaires du monde en développement, en partie du fait de son accessibilité et son caractère abordable. Si beaucoup de personnes en milieu rural possèdent une radio, ceux qui n’en ont pas peuvent accéder aux programmes par le biais de la radio de leurs proches, leurs amis ou voisins. Par tradition, la radio a toujours été perçue comme un outil de communication unidirectionnelle, qui fournit des informations, des nouvelles ou des divertissements aux auditeurs. Toutefois, lorsqu’elle est associée à d’autres outils de communication (comme les téléphones mobiles), elle peut faire office de plateforme de dialogue pour poursuivre des discussions sur des sujets qui intéressent les auditeurs et pour créer des programmes divertissants et interactifs. Pour les agriculteurs, la radio peut les aider à se rapprocher d’experts techniques, de décideurs politiques, d’autres agriculteurs, de fournisseurs ou d’acheteurs. La radio en guise d’outil de vulgarisation – et tout particulièrement les programmes participatifs et pilotés par la demande – s’inscrit en complément des systèmes d’information agricole existants qui mettent l’accent sur l’interaction entre les parties prenantes (agriculteurs, courtiers du savoir du secteur public ou privé, acteurs du marché, chercheurs, décideurs politiques, secteur financier, etc.) où aucun acteur n’est expert. De surcroît, les programmes radio dans la langue locale fournissent de nouveaux circuits de communication et un espace de dialogue pour les communautés dans les zones plus reculées ou avec un niveau d’instruction hétérogène.
Les marchés de produits agricoles ayant des attributs sociaux ou environnementaux spéciaux et d’une qualité particulière peuvent fournir un débouché lucratif aux agriculteurs pauvres des pays en développement. Toutefois, la participation aux marchés à haute valeur ajoutée exige des producteurs qu’ils s’engagent à fournir des volumes prédéfinis dans les délais, aux formats et à la qualité demandés – un défi de taille dans bien des cas. Les coopératives agricoles jouent un rôle important pour rapprocher les producteurs de ces marchés ; elles forgent des relations d’affaires avec des acheteurs éloignés, réalisent des économies d’échelle en transformation et en commercialisation, et fournissent des conseils et autres services pour aider leurs membres à répondre aux exigences des acheteurs (voir l’Encadré 1). À titre d’exemples de ces services, on peut citer l’appui technique, la formation et la fourniture d’intrants et de crédit.
Durant les dernières décennies, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont offert des possibilités immenses pour le développement socio-économique des populations rurales, certaines avec plus de succès que d’autres. La téléphonie mobile fait partie des technologies qui se sont considérablement développées ces dernières années ; les taux d’abonnement dans les pays en développement sont passés de 22 pour 100 habitants en 2005 à 91,8 pour 100 en 2015. La technologie mobile transcende les obstacles géographiques, socio-économiques et culturels.
L’agriculture est le plus gros employeur au monde et assure les moyens d’existence de la majeure partie des plus pauvres du globe. Parce que l’agriculture est l’épine dorsale de nombre d’économies en développement, le développement agricole devient synonyme de développement mondial. Voilà près d’un siècle que les efforts en recherche et développement se poursuivent afin d’améliorer l’agriculture, mais confrontés à des défis nouveaux et en constante mutation, les professionnels de l’agriculture ont besoin d’être équipés des bonnes informations pour pouvoir y répondre. Grâce aux avancées des technologies de l’information et des communications (TIC), la plupart des informations requises sont désormais disponibles sur internet.
Les médias sociaux font référence aux outils et médias que l’on trouve sur l’internet qui permettent aux utilisateurs d’interagir, de créer, partager, récupérer et échanger des informations et des idées au sein de communautés et de réseaux virtuels de manière individuelle et informelle. Parmi les médias sociaux, on peut citer les sites de réseaux sociaux, les blogs et les microblogs, les forums en ligne, les panels et groupes de discussion, les wikis, les services de messagerie socialement intégrés, les vidéos et les podcasts, et bien d’autres encore. Les services de conseil rural (SCR) ont connu de profonds changements au cours du 21e siècle, qui nécessitent une interaction entre les multiples parties prenantes impliquées ‒ issues du secteur public, privé ou des organisations non gouvernementales (ONG) – et la volonté d’apprendre à se lancer dans des actions collectives. Les SCR sont souvent appelés à être moins « hiérarchiques » et plus interactifs et les médias sociaux peuvent être un outil puissant dans ce sens. Désormais, le monde rural est lui aussi connecté, surtout les jeunes, grâce à des abonnements de téléphonie mobile de plus en plus communs et une baisse de la tarification des données.
Nombreux sont ceux qui considèrent les services de conseil rural (SCR), ou services de « vulgarisation », comme étant essentiels dans les efforts visant à améliorer la production agricole des petits exploitants dans les pays en développement. Toutefois, les experts en développement déplorent que, enlisés dans des problèmes d’ordre logistique et infrastructurel, les SCR traditionnels, tels que les vieux systèmes de « formation et de visite » n’ont généralement pas réussi à toucher les petits exploitants en milieu rural. Dans ces systèmes traditionnels, le ratio conseiller agricole-agriculteurs est souvent extrêmement bas. Des ratios conseiller agricole-agriculteurs plus élevés sont essentiels, notamment compte tenu de l’accent mondial renouvelé qui est mis sur une agriculture durable et intelligente face au climat. Des SCR efficaces pourraient accroître la résilience des petits exploitants, qui sont les plus vulnérables aux chocs de production découlant de catastrophes environnementales, climatiques ou socio-économiques.
La production et l’utilisation de nouvelles connaissances sont importantes pour toutes les entreprises, y compris dans l’agriculture. Mais, bien souvent, le nouveau savoir susceptible d’accroître la productivité, la compétitivité et la viabilité d’une exploitation agricole n’est pas adopté à grande échelle. Ce manque d’innovation dans l’agriculture a conduit à une quête de nouveaux plans cadres tels que des « systèmes d’innovation » qui aident à comprendre comment se déroule le processus d’innovation agricole et comment augmenter sa pertinence et sa qualité.
Les organisations de producteurs (OP) constituent une interface entre les producteurs et leur environnement social, économique et institutionnel (Encadré 1). L’implication des OP dans la fourniture de services de conseil rural (SCR) est estimée apporter une solution aux limites que posent les dispositifs de conseil étatique jugés trop hiérarchisés et les offres de conseil du secteur privé trop orientés vers des logiques de marché. Les OP peuvent contribuer davantage à l’offre de SCR en exprimant les demandes et besoins de leurs membres et en veillant plus ou moins directement à ce que ces services soient fournis de façon efficace et durable. Cependant, les OP n’ont pas toujours les capacités requises pour assumer toutes ces fonctions. Les OP s’impliquent de diverses manières dans la fourniture de SCR en fonction de leurs objectifs, leurs ressources, leurs visions ou leur environnement institutionnel. Cette note donne un aperçu de cette diversité et précise les conditions qui permettent aux OP de contribuer à la mise en oeuvre de SCR accessibles et durables à l’intention des petits exploitants.
Une disponibilité accrue et la plus grande accessibilité des technologies de l’information et de la communication (TIC) – surtout les téléphones mobiles, ordinateurs, la radio, internet ou les médias sociaux – offrent des possibilités beaucoup plus nombreuses de collecte, traitement, stockage, récupération, gestion et partage des données dans de multiples formats. Certaines de ces applications, telles que les télécentres, portails web, centres d’appels, applications mobiles, radio communautaire, vidéos numériques, audio et visioconférences ou encore plateformes d’apprentissage en ligne, ont le potentiel d’offrir un large éventail de services (information, sensibilisation, promotion, conseil, connaissances, transfert technologique, formation, éducation, et bien d’autres) aux agriculteurs et autres acteurs des systèmes d’innovation agricole (SIA) d’une manière qui soit à la fois rapide, exhaustive, rentable et interactive. Toutefois, le nombre élevé et la disponibilité très évolutive des TIC peut faire que les responsables des services de vulgarisation soient indécis quant aux méthodes accessibles et à quel moment les utiliser. Cette note explique comment explorer la grande variété d’options possibles et donne des conseils sur la meilleure façon de les utiliser.
Dans un monde en rapide mutation, les producteurs ont besoin d’une offre d’innovations et de services, en plus d’un accès continu au savoir et à l’information. Le fait d’avoir toutes ces ressources sous un même toit dans un contexte rural peut accélérer sensiblement l’adoption des innovations et optimiser les avantages qu’elles offrent aux producteurs. Des centres de formation agricole ont été mis sur pied par de nombreux acteurs, sous différentes formes : par exemple, les maisons familiales rurales1, les centres Songhaï2, et les centres de développement d’agrobusiness. Ces initiatives se concentrent sur la formation de jeunes individus pour les préparer à une carrière dans l’agriculture. Toutefois, elles sont moins utiles lorsqu’il s’agit d’aider l’ensemble de la communauté rurale à adopter à grande échelle les innovations agricoles. Par conséquent, de nouveaux modèles d’initiatives de vulgarisation communautaire sont en cours de développement, tels que les « centres de ressources pour les petites exploitations » promus en Asie du Sud par ECHO3 et le concept de « centre de ressources rural », que nous décrivons en détail dans cette note.