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Nombreux sont ceux qui considèrent les services de conseil rural (SCR), ou services de « vulgarisation », comme étant essentiels dans les efforts visant à améliorer la production agricole des petits exploitants dans les pays en développement. Toutefois, les experts en développement déplorent que, enlisés dans des problèmes d’ordre logistique et infrastructurel, les SCR traditionnels, tels que les vieux systèmes de « formation et de visite » n’ont généralement pas réussi à toucher les petits exploitants en milieu rural. Dans ces systèmes traditionnels, le ratio conseiller agricole-agriculteurs est souvent extrêmement bas. Des ratios conseiller agricole-agriculteurs plus élevés sont essentiels, notamment compte tenu de l’accent mondial renouvelé qui est mis sur une agriculture durable et intelligente face au climat. Des SCR efficaces pourraient accroître la résilience des petits exploitants, qui sont les plus vulnérables aux chocs de production découlant de catastrophes environnementales, climatiques ou socio-économiques.
La production et l’utilisation de nouvelles connaissances sont importantes pour toutes les entreprises, y compris dans l’agriculture. Mais, bien souvent, le nouveau savoir susceptible d’accroître la productivité, la compétitivité et la viabilité d’une exploitation agricole n’est pas adopté à grande échelle. Ce manque d’innovation dans l’agriculture a conduit à une quête de nouveaux plans cadres tels que des « systèmes d’innovation » qui aident à comprendre comment se déroule le processus d’innovation agricole et comment augmenter sa pertinence et sa qualité.
Les organisations de producteurs (OP) constituent une interface entre les producteurs et leur environnement social, économique et institutionnel (Encadré 1). L’implication des OP dans la fourniture de services de conseil rural (SCR) est estimée apporter une solution aux limites que posent les dispositifs de conseil étatique jugés trop hiérarchisés et les offres de conseil du secteur privé trop orientés vers des logiques de marché. Les OP peuvent contribuer davantage à l’offre de SCR en exprimant les demandes et besoins de leurs membres et en veillant plus ou moins directement à ce que ces services soient fournis de façon efficace et durable. Cependant, les OP n’ont pas toujours les capacités requises pour assumer toutes ces fonctions. Les OP s’impliquent de diverses manières dans la fourniture de SCR en fonction de leurs objectifs, leurs ressources, leurs visions ou leur environnement institutionnel. Cette note donne un aperçu de cette diversité et précise les conditions qui permettent aux OP de contribuer à la mise en oeuvre de SCR accessibles et durables à l’intention des petits exploitants.
Une disponibilité accrue et la plus grande accessibilité des technologies de l’information et de la communication (TIC) – surtout les téléphones mobiles, ordinateurs, la radio, internet ou les médias sociaux – offrent des possibilités beaucoup plus nombreuses de collecte, traitement, stockage, récupération, gestion et partage des données dans de multiples formats. Certaines de ces applications, telles que les télécentres, portails web, centres d’appels, applications mobiles, radio communautaire, vidéos numériques, audio et visioconférences ou encore plateformes d’apprentissage en ligne, ont le potentiel d’offrir un large éventail de services (information, sensibilisation, promotion, conseil, connaissances, transfert technologique, formation, éducation, et bien d’autres) aux agriculteurs et autres acteurs des systèmes d’innovation agricole (SIA) d’une manière qui soit à la fois rapide, exhaustive, rentable et interactive. Toutefois, le nombre élevé et la disponibilité très évolutive des TIC peut faire que les responsables des services de vulgarisation soient indécis quant aux méthodes accessibles et à quel moment les utiliser. Cette note explique comment explorer la grande variété d’options possibles et donne des conseils sur la meilleure façon de les utiliser.
Dans un monde en rapide mutation, les producteurs ont besoin d’une offre d’innovations et de services, en plus d’un accès continu au savoir et à l’information. Le fait d’avoir toutes ces ressources sous un même toit dans un contexte rural peut accélérer sensiblement l’adoption des innovations et optimiser les avantages qu’elles offrent aux producteurs. Des centres de formation agricole ont été mis sur pied par de nombreux acteurs, sous différentes formes : par exemple, les maisons familiales rurales1, les centres Songhaï2, et les centres de développement d’agrobusiness. Ces initiatives se concentrent sur la formation de jeunes individus pour les préparer à une carrière dans l’agriculture. Toutefois, elles sont moins utiles lorsqu’il s’agit d’aider l’ensemble de la communauté rurale à adopter à grande échelle les innovations agricoles. Par conséquent, de nouveaux modèles d’initiatives de vulgarisation communautaire sont en cours de développement, tels que les « centres de ressources pour les petites exploitations » promus en Asie du Sud par ECHO3 et le concept de « centre de ressources rural », que nous décrivons en détail dans cette note.
Suite au recul des investissements dans les services de conseil mis en place par les pouvoirs publics au cours des années 80 et 90, les approches de vulgarisation communautaire sont devenues de plus en plus importantes. L’une de ces approches est la vulgarisation de paysan à paysan (VPP), qui est définie ici comme la fourniture d’une formation par les agriculteurs aux agriculteurs, souvent au moyen de la création d’une structure de paysans formateurs. Nous utilisons le terme « paysan formateur » comme un terme générique, tout en reconnaissant que différentes appellations (p. ex. leader paysan, paysan promoteur, agent de savoir communautaire) peuvent couvrir des rôles différents.
Les vidéos, tout particulièrement les vidéos numériques, sont une technologie relativement nouvelle. Les vidéos peuvent contribuer à répondre aux défis de la diffusion de l’information aux producteurs, y compris aux groupes pauvres et marginalisés, aux femmes et aux jeunes. Parmi les usages de la vidéo dans l’agriculture, on peut citer la sensibilisation, la stimulation de la demande d’appui, la vulgarisation de paysan à paysan, la formation aux innovations agricoles, l’encouragement de la créativité ou encore elle peut servir d’outil de documentation et de suivi-évaluation (S&E).
Favoriser l’innovation rurale (en anglais Enabling Rural Innovation – ERI) est une approche participative qui place les exploitants familiaux au coeur du développement agricole. Elle renforce leurs capacités techniques, organisationnelles, sociales et entrepreneuriales pour qu’ils puissent passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture à vocation commerciale. Elle vise à développer des agro-entreprises rentables sans compromettre la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle aide les groupements paysans à (re) découvrir les ressources sociales, techniques, naturelles et économiques qui les entourent, définir des objectifs de groupes et suivre leurs progrès dans ce sens, réaliser des études de marché, expérimenter avec différentes technologies et créer des agro-entreprises, tout en sauvegardant leur ressources naturelles de base.
Les rôles des femmes et leurs contributions à l’agriculture en milieu rural demeurent sous-estimés et négligés par les processus d’élaboration et de mise en oeuvre de politiques du secteur. Généralement, les femmes participent à de nombreuses facettes de la filière agricole et leur contribution à la main-d’oeuvre productive se situe entre 25 et 75 %. Pourtant, dans l’ensemble, elles ont moins facilement accès aux services de conseil rural (SCR) que les hommes. Par ailleurs, elles ont moins accès aux intrants agricoles, qu’il s’agisse des engrais, des technologies ou des services vétérinaires, ce qui réduit leur productivité globale. Ce point est particulièrement problématique dans les pays africains, où la participation des femmes à l’agriculture varie entre environ 30 % en Gambie et 60 à 80 % au Cameroun.
Les petits producteurs des pays en développement sont confrontés à un certain nombre de difficultés qui ont un impact sur leur productivité et leur contribution à la sécurité alimentaire. Parmi elles, on peut citer le manque d’accès à des services financiers (crédit, épargne et micro-assurance) et un accès limité à des services de conseil rural. Au fil des ans, des efforts ont été faits pour tenter de résorber ces difficultés en améliorant la productivité des agriculteurs et leur contribution à la sécurité alimentaire. Toutefois, les conditions de vie des petits producteurs ne se sont pas sensiblement améliorées car seules des contraintes individuelles spécifiques ont été traitées alors que d’autres ont été négligées. Mercy Corps a réalisé qu’il était nécessaire de trouver une façon abordable et accessible de fournir des services qui s’attaquent aux multiples défis selon des modèles commerciaux durables.
Les champs écoles paysans (CEP) sont une approche d’apprentissage réservée aux adultes qui enseigne à des groupes d’agriculteurs comment se livrer à des expériences pour résoudre des problèmes de manière indépendante. Dans les CEP, que l’on appelle parfois « écoles sans murs », des groupes de producteurs se rencontrent régulièrement avec un facilitateur pour observer, discuter, poser des questions et apprendre ensemble. L’approche des CEP a été mise au point pour enseigner des techniques de lutte intégrée contre les ravageurs dans la riziculture, mais elle a aussi été utilisée dans l’agriculture biologique, l’élevage et dans des activités non agricoles génératrices de revenu, telles que l’artisanat.
Les agriculteurs, les agro-industries et les prestataires de services doivent innover en permanence pour s’adapter à un environnement en constante évolution (y compris les marchés, le climat et les ressources). L’innovation consiste à mettre en pratique des idées nouvelles pour un endroit donné et ainsi améliorer la situation de ceux qui y vivent. Ces « idées » peuvent être une nouvelle façon d’irriguer un champ (c.-à-d. une technologie), une nouvelle façon d’organiser les agricultrices pour vendre leurs produits en vrac (c.-à-d. une innovation organisationnelle) ou une nouvelle politique qui aide les petits exploitants à obtenir des prêts bancaires (c.-à-d. une innovation institutionnelle). Dans le domaine agricole, une innovation implique souvent une combinaison de différents types de changements. Par exemple : une nouvelle façon de détourner l’eau vers les champs exige que les agriculteurs s’organisent en associations d’utilisateurs d’eau qui doivent à leur tour être soutenues par les autorités locales.